Déséquilibres et pathologies, Sexo

Douleurs intimes : les conseils pour aller mieux

les douleurs intimes (vaginisme, vulvodynie, dyspareunies) peuvent être difficiles à soulager. Tu trouveras ici des conseils pour aller mieux

Lauriane du compte Instagram Vagiquoi a longtemps souffert de douleurs intimes (vaginisme, vulvodynie, vestibulodynie et dyspareunies) et te délivre ici ses conseils pour t’accompagner sur le chemin vers le mieux-être. Elle a d’ailleurs rédigé spécialement pour toi des articles spécifiques pour chacun de ces troubles que je t’invite à lire.

Préciser ses douleurs : quelques questions à se poser 

Est-ce que la pénétration est “mécaniquement possible” ou est-ce que cela bloque ? 

Cette question permet de faire le tri entre plusieurs notions, en particulier pour différencier entre un vaginisme et d’autres troubles. Est-ce que lors d’une tentative de pénétration on a l’impression que ça ne peut même pas rentrer, que cela bute contre un mur, que c’est très contracté ? Ou au contraire, est-ce que physiquement parlant la pénétration est possible mais douloureuse ?

Est-ce que je ressens ces douleurs/ce blocage de manière récurrente ou seulement de temps en temps ? 

Il est effectivement intéressant d’opérer une distinction entre un inconfort passager (et j’insiste sur le mot inconfort, qui ne doit ici pas représenter une douleur), d’intensité peu élevée, et totalement isolé, par rapport à des douleurs systématiques ou qui reviennent relativement souvent. Bien qu’ils ne soient pas souhaitables, ni qu’ils doivent être normalisés, les inconforts lors des rapports peuvent être dûs à plusieurs raisons “basiques”, à commencer par l’oubli d’un lubrifiant, et peuvent alors être résolus plus ou moins facilement.

Il est également intéressant de faire la différence entre des douleurs qui sont continuellement présentes, à chaque pénétration, ou à certains moments précis seulement, afin d’observer les facteurs communs (comme on a pu en parler dans l’article sur les dyspareunies). 

Cependant, je précise tout de même qu’à partir du moment où un inconfort ou une douleur te dérange dans ta sexualité, tu es entièrement légitime à consulter si tu le souhaites, et ta préoccupation doit être entendue et prise au sérieux. 

Est-ce que j’ai consulté mon.ma gynécologue/sage-femme afin de faire un contrôle ? 

Il est en particulier important de vérifier que les douleurs ou le blocage ne sont pas dues à une infection, une inflammation, une pathologie vulvaire, une maladie, une particularité anatomique, ou autre. On pourra citer comme exemples une mycose, un lichen scléreux, une endométriose, un utérus rétroversé, une anomalie au niveau de l’hymen, une bride vaginale, etc… 

Comment est-ce que je situe ces douleurs ? 

Souvent, on dit qu’on a mal, et c’est tout. Il est intéressant de préciser ces douleurs en se posant différentes questions (parfois on n’y arrive pas, c’est ok). 

  • Où est-ce que j’ai mal ? 

Au niveau de la vulve ? dans son ensemble ou sur des parties bien précises ? Au niveau des lèvres internes ? Entre les lèvres internes ? Au niveau du clitoris ? etc…

Au niveau du vagin ? À l’entrée, en interne, sur les côtés, au fond ? Au niveau du bas-ventre ? Au niveau du périnée ? Dans la région du bassin ? 

  • Quand est-ce que j’ai mal ? 

Lors des pénétrations ? Seulement au début/fin, par moments, ou pendant toute la pénétration ? Après les pénétrations ? En dehors de toute pénétration ? 

  • Pourquoi est-ce que j’ai mal ? 

À cause du contact avec la zone (pénétration ou non) ?  des va-et-vient ? de l’intromission ? de la vitesse ? etc… 

  • Quelle(s) sensation(s) je ressens ? 

Des brûlures ? Une sensation de déchirure ? Une pression ? Une douleur aiguë ? Des irritations ? etc…

  • Depuis quand j’ai mal ? 

Depuis toujours ? depuis le début de la vie sexuelle ? Suite à une période sans douleurs ? À la suite d’un événement en particulier ?

Le sujet délicat de la pénétration

Mettre la pénétration en pause

Tout d’abord, autant en cas de vaginisme qu’en cas de douleurs lors des rapports de manière générale, il est important de casser le cercle vicieux de la douleur (blocage/douleurs, tentative de pénétration ou pénétration douloureuse, image négative/douloureuse de la pénétration, appréhension, contraction et/ou douleurs renforcées,…). 

Cela peut être difficile à entendre et à mettre en pratique mais il est important de mettre la pénétration sur pause, de découvrir les autres multiples possibilités d’avoir une sexualité, remettre son plaisir au centre, ne pas se mettre la pression pour l’autre.

lors de douleurs intimes aux rapports, il est important de reconsidérer la place de la pénétration

Si tu n’es pas prête à faire une pause dans cette pratique, essaie au moins de l’adapter pour la pratiquer d’une manière agréable. Ce dernier conseil est à nuancer en fonction des douleurs bien entendu… Je ne te le conseillerais pas pour un vaginisme non pris en charge, ou des douleurs intenses en intromission.

Tu peux par exemple envisager d’adapter la pénétration en jouant sur les mouvements, la lenteur, en n’effectuant pas une “pénétration complète” si elle n’est pas possible, etc. 

Repenser la place de la pénétration dans le rapport sexuel

Il est important dans ce processus de réaliser que la pénétration n’a pas à être centrale dans les relations et que tu n’as pas une sexualité moins épanouie que quelqu’un qui pourrait la pratiquer. Ce n’est pas une honte : une impossibilité ou des difficultés de pénétration ne signifient pas que toi ou taon partenaire ne pouvez pas accéder au plaisir. L’univers du sexe sans pénétration est bien plus riche qu’on ne le pense.

Pour commencer, supprime le mot «préliminaires» de ton vocabulaire. Les actes qu’on désigne sous ce terme peuvent être un rapport à part entière, et ce ne sont d’ailleurs pas les seules pratiques de sexe non pénétratif.

Je sais bien que parfois c’est frustrant, parce qu’on aimerait juste avoir le choix entre toutes les pratiques, découvrir aussi cette pratique-là, si elle nous procure du plaisir. À mon sens on devrait essayer au mieux de se distancer de l’injonction à la pénétration, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faut la bannir, qu’elle n’apporte jamais de plaisir, et que tu n’as pas le droit d’en avoir envie.

Au contraire, je reconnais vraiment ces aspects, et je ne peux que les légitimer. Je trouve alors important que tu te poses la question : “pourquoi ai-je envie d’une pénétration ?”.

Est-ce que c’est plutôt par injonction, pour faire comme tout le monde, car tu te sens “nulle” si tu ne le fais pas, car tu as l’impression que taon partenaire ne restera pas ? Ou au contraire, est-ce que c’est réellement par envie pour toi, pour tes sensations, ton plaisir, ta découverte, le partage ? 

Apprendre à s’écouter

Ensuite, je te recommande d’apprendre à t’écouter et poser tes limites. À mon sens, on a souvent besoin de se recentrer sur soi. Bien sûr, je ne généralise pas car chaque situation reste différente. Si le besoin est là, essaie de te demander si tu pourrais un peu plus t’écouter, écouter ton corps, tes envies, tes limites, et ne pas hésiter à les faire respecter. 

Saisir la notion de consentement

On peut aussi passer par une petite mise à jour des notions de consentement. Je ne dis pas que quand on souffre de vaginisme ou de douleurs on a forcément des lacunes dans notre notion du consentement, loin de là. Je le mentionne car très souvent dans le cadre de ces problématiques on entend que les personnes se forcent pour le ou la partenaire, “parce qu’il faut”, “parce qu’iel insiste”, alors il me paraît important de te rappeler que céder ce n’est pas consentir, que tu as le droit de dire non, à chaque moment, et que tu as le droit de ne pas vouloir t’imposer la douleur, qu’un consentement ça se respecte

Chouchouter son périnée

Ensuite, informe-toi sur ton périnée et comment en prendre soin !

Il y a un tas de bonnes habitudes à prendre et qu’on ne nous enseigne pas assez :

les douleurs intimes peuvent être apaisées en mettant en place ces conseils pour protéger son périnée
  • ne pas se retenir d’aller aux toilettes.
  • soigner son hydratation et son alimentation afin d’éviter les épisodes de constipation
  • ne pas uriner sans s’asseoir sur la cuvette (oui je sais… parfois on n’a pas envie de la toucher cette maudite cuvette… au moins essaie de ne pas le faire de manière régulière)
  • écouter ses sensations (on parle toujours du passage aux toilettes oui oui) : ne pousse pas !
  • placer un petit tabouret sous tes pieds lorsque tu vas aux toilettes, cela évite les pressions sur le périnée !
  • Et enfin, contrairement à une idée bien ancrée, ne pas faire de pipi de sécurité..! 

Cela passe également par le fait de le mobiliser correctement lorsque tu faits du sport par exemple. Pour cela je te renvoie aux lectures sur le périnée car les professionnels de santé te l’expliqueront mieux que moi !

Faire le tri sur internet

Il est important de faire le tri dans les informations que tu peux lire sur Internet ou les réseaux sociaux, elles ne sont malheureusement pas toujours correctes : des exercices inadaptés peuvent renforcer tes douleurs

Parler de ses douleurs !

Je te conseille aussi de ne pas rester seule, de ne pas t’enfoncer dans des émotions désagréables de type honte, frustration, incompréhension, etc… Je sais que ce n’est encore une fois pas évident, en particulier à cause du tabou qui entoure la question, mais en parler (aux bonnes personnes) peut beaucoup te soulager.

Pour commencer, tu peux consulter un.e sexologue (attention à leurs formations, la profession n’est pas réglementée selon les pays, notamment en France). Dès qu’un blocage ou des douleurs sexuels ont des répercussions sur ta santé mentale, tu es entièrement légitime à consulter une personne adaptée afin d’en parler. 

J’ai mis en place des groupes de parole sur Instagram (échanges par messages) qui permettent de discuter avec des personnes qui vivent une situation semblable. De plus, j’ai également mis sur pied des ateliers thérapeutiques en collaboration avec une Psycho-Sexologue, qui sont destinés aux personnes souffrant de vaginisme et douleurs aux rapports.

Un petit mot pour le ou la partenaire

Ton soutien moral est primordial pour la personne qui souffre

Il est important que tu soutiennes la personne souffrant de vaginisme, vulvodynie ou douleurs aux rapports. Si tu réagis mal à ce trouble, cela ajoute une pression sur les épaules de la personne concernée et souvent cela n’aide pas le vaginisme ou les douleurs à s’apaiser. Sans oublier l’impact sur le couple et la communication. Tu dois également comprendre que ces problématiques n’ont en principe rien à voir avec le désir éprouvé à ton égard.

La pénétration est-elle ta priorité ?

C’est totalement ok d’avoir envie d’une pénétration, mais c’est moins ok de mettre la pression à une personne qui a mal, de lui faire du chantage, de ne pas être ouvert.e à la discussion, considérer que c’est son problème et qu’elle n’a qu’à se débrouiller. 

Pour t’apporter quelques nuances et pistes de réflexion :

  • as-tu envie d’une pénétration pour le plaisir qu’elle te procure (supérieur à d’autres pratiques ?), ou plutôt par injonction, « parce qu’on a toujours fait comme ça » ? Je trouve intéressant de réfléchir à la question, et pourquoi pas de s’ouvrir au fait de découvrir les plaisirs offerts également par le sexe non pénétratif, sans être fixé sur le fait que ce n’est qu’une « préparation à la pénétration ».
  • Ensuite, veille à t’assurer que ce désir de pénétration est partagé par taon partenaire et discutez-en ensemble.

Si vous en avez les deux envie, il est important de comprendre que vous en avez totalement le droit. Toutefois, il faut aussi comprendre qu’à l’instant T, elle ne sera pas vecteur de plaisir pour tout le monde. En effet, la personne touchée par le vaginisme ou les douleurs n’éprouvera pas de plaisir, cela risque même au contraire de tuer petit à petit son désir si les pénétrations sont forcées. On n’a pas envie de retourner vers un acte qui nous fait mal, c’est normal.

Essaie de garder à l’esprit que lorsque le blocage ou les douleurs seront apaisés, vous aurez l’occasion de réenvisager ensemble une pénétration qui fait du bien à tout le monde.

Les ressources

Les annuaires de professionnels 

Dans les articles de la thématique, je me suis référée plusieurs fois aux annuaires recensant des professionnels de santé formé.es aux douleurs lors des rapports. Ces annuaires ne sont pas encore assez diffusés, pourtant ils peuvent s’avérer très utiles pour t’éviter de consulter des professionnels non adaptés, qui n’auront pas de solutions à te proposer, ou pire qui pourraient avoir des propos déplacés et faire l’impasse sur tes douleurs.

Les annuaires n’excluent pas à 100% le risque de tomber sur un professionnel qui ne te convient pas, mais cela limite extrêmement le risque de prise en charge inadaptée

Pour en citer quelques-uns :

Je peux aussi ajouter les annuaires regroupant des gynécos safe, sans garantie dans ce cas qu’ils soient formés à ces problématiques : tu en trouveras sur

Les lectures

Afin d’en savoir plus, je te conseille les ouvrages suivants : 

  • « Vaginismes – Comprendre, se soigner, s’épanouir », de Angéla Bonnaud et Margot Maurel. 
  • « In périnée we trust » de Sabrina Fajau. 
  • L’e-book « Prendre soin de son périnée quand on a des douleurs à la vulve » de Vulvae, Périnée Bien-Aimé, et Pelvicfloow. 
  • “Le petit guide illustré des pathologies vulvaires”, de Vulvae, Mydearvagina et mia.co.
  • “Le périnée féminin douloureux”, de Martine Grimaldi.
  • Au bonheur des vulves”, de Camille Tallet et Elise Thiébaud. 

Je te conseille également de lire des livres sur le sujet de la sexualité si tu en as envie, par exemple pour réfléchir un peu à la place de la pénétration : 

  • Jouissance Club : une cartographie du plaisir”, de Jüne Plã.
  • Au-delà de la pénétration”, de Martin Page.

Tu n’es pas seule, et tu peux te faire aider

Pour clore le sujet, je t’écris tout ceci pour te dire que oui, c’est possible que des rapports sexuels soient douloureux, voire impossibles. Cependant, n’oublie pas que tu peux en parler, que ce n’est pas une honte, que tu n’es pas la seule à qui ça arrive. N’oublie pas que ça peut aller mieux. 

Lauriane

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