Le flux instinctif libre (ou flux libre instinctif) est une méthode pratiquée par certaines femmes (parfois de façon complètement inconsciente) qui consiste à maîtriser l’écoulement du sang menstruel pour le libérer aux toilettes. Cela leur permet, entre autres avantages, de réduire considérablement leur consommation de protections hygiéniques, voire de s’en passer totalement.
Cela te semble utopique ? Détrompe-toi : loin d’être uniquement “instinctif”, il existe en réalité des méthodes et techniques pour savoir comment le pratiquer. Je t’explique tout dans cet article ! Bonne lecture !
Un peu d’anatomie pour mieux comprendre les règles et le fonctionnement du flux instinctif libre
Le sang des règles
Lors des règles, l’endomètre (la paroi utérine) qui n’a pas accueilli d’embryon au cycle précédent est détruit et évacué de l’utérus par écoulement lors d’une contraction du muscle utérin. On appelle cet écoulement “sang menstruel” mais il est en réalité constitué à 48% de sang et à 52% d’un mélange composé de tissus, d’eau, de sécrétions vaginales, et de cellules souches. Il n’est donc pas aussi liquide (il comporte même parfois des “morceaux”), ni aussi rouge vif, et ne coagule pas (heureusement !).
Le circuit de l’écoulement des règles
L’écoulement du sang ne se fait donc pas en continu, mais au rythme des contractions de l’utérus.
Entre le moment où l’utérus se contracte pour évacuer le sang, et le moment où ce dernier s’écoule par l’orifice vaginal, il va devoir parcourir un chemin semé d’embûches :
- franchir le col de l’utérus
- se loger dans les fornix (les “recoins” à la sortie du col de l’utérus)
- s’écouler lentement le long du vagin qui n’est
- ni lisse (ses parois sont pleines d’aspérités, de stries)
- ni régulier (il comprend des “virages” )
- ni tubulaire (contrairement aux représentations qu’on en voit sur les schémas, les parois se touchent, c’est donc une muqueuse serrée)
- ni vertical (on a cette impression car on le voit habituellement représenté de face, mais il est en réalité incliné de l’arrière vers l’avant en descendant)
- franchir le plancher pelvien, qui resserre naturellement l’orifice vaginal
La proximité des autres organes et leur rôle dans l’évacuation du sang
L’utérus et le vagin sont tous les deux logés entre les autres organes du bas ventre, à savoir la vessie à l’avant et le rectum à l’arrière. Chaque mouvement de ces organes va contribuer à l’écoulement du sang menstruel : lors de l’urine ou de la défécation, le sang s’écoule naturellement, comme poussé par les mouvements de l’urètre ou du rectum.
Le rôle du périnée
Le périnée est un ensemble de muscles et tissus permettant de contenir les organes du petit bassin et éviter leur descente (on peut bien le remercier !). Sa tonicité est indispensable au bon fonctionnement de l’appareil urogénital et au plaisir sexuel.
En revanche, s’il est important d’avoir un périnée en forme pour ces raisons, ce dernier n’est pas impliqué directement dans la pratique du flux libre. Disons plutôt que, comme je l’ai dit plus haut et contrairement aux idées reçues, la méthode ne consiste pas à contracter le périnée pour empêcher le sang de s’écouler hors du vagin.
Le concept du flux instinctif libre
Pratiquer le flux instinctif libre, c’est savoir identifier la contraction de l’utérus et aller aux toilettes entre cette contraction et le moment où le sang atteint l’orifice vaginal afin de laisser s’écouler le flux.
Comme l’explique Mélissa Carlier dans son livre “Le Guide du Flux Libre Instinctif”, cela consiste à libérer le sang au bon moment et non à le retenir comme on pourrait le penser. De toutes façons, l’utérus ne possède pas de muscle permettant de retenir le flux, à l’instar des sphincter pour l’anus et l’urètre, et le périnée n’a pas non plus cette fonction.
Il n’est donc pas physiologiquement possible de retenir le sang à proprement parler.
Pratiquer le flux instinctif libre ne doit pas être vu comme une performance musculaire mais plutôt comme une écoute fine de ses sensations corporelles.
Le flux instinctif libre, une pratique à risque ?
Certaines personnes affirment que le flux instinctif est nocif et qu’il peut provoquer un syndrome du choc toxique.
Ce syndrome, aussi appelé SCT est une infection très grave et potentiellement mortelle due à une toxine libérée par le staphylocoque doré qui peut se développer grâce au sang stagnant dans le vagin. Le risque de SCT est prépondérant lors du port de protections périodiques internes telles les tampons et les coupes menstruelles qui favorisent la prolifération des bactéries (d’où l’importance de changer sa protection toutes les 4 à 6h).
Le flux instinctif ne permettant pas la stagnation du sang dans le vagin contrairement aux protections citées (on laisse bien le sang couler), il ne présente aucun risque de syndrome du choc toxique.
Comment aborder le flux instinctif libre ?
J’ai longuement étudié l’approche de Mélissa Carlier pour rédiger cet article et voici quelques éléments clés de sa méthode pour apprendre comment pratiquer le flux instinctif libre, que tu peux creuser et t’approprier en te procurant son “Guide du Flux Libre Instinctif” validé et préfacé par la Docteure Bernadette de Gasquet.
Le bon état d’esprit pour bien aborder le flux libre instinctif
Notre corps, notre allié
Dans nos cultures modernes, on a l’habitude de voir les règles comme une fatalité, une période pénible, où on se sent fatiguées, irritables, sales, on a des douleurs un peu partout,… c’est loin d’être l’éclate !
Pour pouvoir aborder l’apprentissage de cette méthode de la manière la plus sereine possible, il faut d’abord arriver à voir ses règles comme un moment de grâce, où le corps se nettoie, élimine des toxines, se purifie…il nous invite à ralentir, à nous préparer à accueillir un nouveau cycle.
Il faut également se mettre à l’écoute de son corps et lui faire confiance : cette merveilleuse machine bien rodée, notre meilleure alliée, sait nous envoyer des messages, mais on ne sait pas toujours les écouter.
De nombreuses femmes y arrivent, pourquoi pas toi ?!*
…Et si on se lâchait aussi un peu la grappe ?!
Toute la journée, toute la semaine, on essaie d’être au top, d’être performante, productive, d’atteindre des objectifs, de réussir !
Le flux instinctif libre ne doit pas être une injonction de plus ! Il faut le voir comme un pas vers plus de liberté et de sérénité, mais sans se mettre la pression.
Pour certaines, il permettra de se passer de protections périodiques à 100%, pour d’autres ce sera peut-être juste le week-end ou les jours où elles sont plus posées…pour ma part, je porte toujours une culotte menstruelle… et je me fous la paix ! Lorsque ça coule aux toilettes je suis contente, lorsque ça coule dans la culotte je suis contente aussi (d’en avoir mis une !) et je ne me flagelle pas !!!
Depuis que je m’intéresse au flux instinctif, j’essaie de prêter attention à mes sensations, de capter les contractions, de capter quand le sang descend, quand j’ai un poids dans le vagin… plus je le fais, plus je ressens de choses très subtiles, et je trouve ça fascinant !
*Si aimer tes règles te semble impossible tellement elles te mènent la vie dure, ne reste pas avec tes douleurs, consulte un médecin, gynécologue ou même une sage-femme pour trouver la cause de tes maux. Je suis avec toi de tout coeur <3
Les conditions physiologiques
Comme évoqué plus haut, si le périnée n’est pas l’acteur principal de la continence menstruelle, son état peut fortement jouer sur l’expérience.
D’ailleurs, même sans vouloir expérimenter le flux instinctif libre, le périnée est un des organes VIP de notre santé intime, alors on le chouchoute Mesdames !
(consulte un kiné spécialisé en rééducation du périnée si tu as un doute).
Les conditions matérielles
Les culottes menstruelles
Si on parle d’écoulement du sang, il va sans dire que les tampons et cups ne sont pas adaptés à la pratique du flux libre. Ils sont internes et positionnés trop près du col pour nous permettre de nous connecter aux subtiles sensations de la descente du sang dans le vagin.
Comme l’enfant à qui on enlève sa couche, l’idéal pour apprendre serait de ne pas porter de protection périodique du tout ! Plus facile à dire qu’à faire tu me diras ! et puis c’est quand même plus facile de nettoyer une culotte menstruelle qu’un canapé…!
La culotte menstruelle s’avère être un parfait compromis :
- elle est externe donc nous permet de ressentir tout l’écoulement jusqu’à la vulve
- elle nous demande un “effort” pour le lavage, et cette responsabilité génère une espèce de “frein mental” qui va favoriser l’implication et l’écoute des sensations (ce qui ne serait pas le cas avec une serviette jetable : “elle est sale, je la jette, c’est facile”).
- et en même temps elle constitue un filet de sécurité, nous soulageant du stress de tâcher nos vêtements et/ou nos sièges et nous permettant donc de lâcher prise dans la pratique
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Le repose-pieds
Pour aider à l’évacuation du sang aux toilettes, le repose-pied est un vrai allié ! Former un angle de 35° entre tes cuisses et ton abdomen facilite la descente des éléments, qu’il s’agisse d’excréments ou de sang menstruel ! (physiologiquement on devrait d’ailleurs faire tout ça accroupies mais des vrais wc avec une chasse d’eau c’est pas mal quand même !).
L’accès aux wc
J’allais l’oublier et pourtant c’est primordial ! À défaut de wc, il faut avoir un endroit où abandonner son sang (pour ma part, il m’est déjà arrivé de le faire dans l’herbe lors d’un bivouac, et même dans une rivière).
Les contre-indications
A priori, il n’y a pas de contre-indication à cette pratique, sauf comme vu précédemment si le périnée est hypotonique, hypertonique ou en cas de fuites urinaires, ou de béance vaginale suite à un accouchement par exemple. Mais si tu es dans un de ces cas, ne reste pas comme ça, fais-toi accompagner (kiné, sage-femme,…).
En cas d’endométriose, on déconseille les protections internes qui pourraient permettre au sang menstruel de “remonter” (comme la cup par exemple). Le flux instinctif libre consiste au contraire à le laisser couler, il n’est pas une contrainte au fonctionnement normal du corps. Cependant, même si la plupart des femmes rapportent une diminution des douleurs liées à leurs règles en pratiquant le flux libre, l’important est de toujours être à l’écoute, et si tes douleurs augmentent c’est que ce n’est peut-être pas adapté à ton profil, ou peut-être pas le bon moment pour toi. La bienveillance avant tout 😉
Comment pratiquer le flux instinctif libre
Je le rappelle, le flux instinctif libre ce n’est pas retenir le sang en soi, mais maîtriser et anticiper quand on le laisse s’écouler. La méthode détaillée par Mélissa Carlier pour apprendre comment le pratiquer repose donc sur 3 principes : Quand, Où et Comment.
Savoir ressentir où en est le sang dans son écoulement
Selon que le sang vient d’être expulsé par l’utérus ou qu’il arrive proche de la vulve, le ressenti ne sera pas le même (et le degré d’urgence pour le libérer non plus !). Capter les sensations relatives à chaque étape du processus peut demander un peu de temps et d’entraînement, mais le cerveau est tout à fait capable d’acquérir de nouvelles aptitudes (n’oublie pas qu’on portait une couche culotte H24 avant de savoir aller aux toilettes !)
Savoir quand aller aux wc pour libérer le sang
Il y a plusieurs “moments” pour fluer :
- le matin au réveil : le sang s’est écoulé très lentement dans le vagin pendant la nuit en raison de la position allongée, il est donc “stocké” et ne demande qu’à s’écouler !
- après un long moment en position assise
- quand on a envie d’uriner ou d’aller à la selle (on fait d’une pierre deux ou trois coups !)
- quand on a senti la contraction et qu’on sait que le sang est en chemin
- par anticipation avant d’aller au lit, ou avant le sport, ou avant une sortie,…
- quand on en ressent le besoin (de manière instinctive)
Savoir comment évacuer le sang présent dans le vagin
Lorsque le timing est parfait, c’est à dire que le sang est proche de l’orifice vaginal, il n’y a aucun effort à faire, il suffit juste d’attendre un peu et il s’écoulera tout seul (le marche-pied peut aider bien sûr).
Lorsqu’il est un peu plus haut, il y a des solutions pour faciliter et accélérer son écoulement :
- des techniques de respiration ventrale pour relâcher le périnée
- des techniques de “drainage” mécaniques, c’est-à-dire mettre son abdomen en mouvement pour favoriser la descente (cela peut être des mouvements de rotation du bassin, faire des vagues avec son ventre, avancer puis reculer le buste,…)
- se détendre est également une des clés : si tu es crispée, ton périnée est contracté et tu rends l’écoulement plus difficile.
Les bienfaits de la pratique du flux instinctif
Les femmes qui ont compris comment pratiquer le flux instinctif libre rapportent des bienfaits économiques, écologiques, psychologiques et physiologiques !
Au-delà de l’économie de protections périodiques et l’aspect écologique que ça comporte, les femmes se sentent plus confiantes, puissantes, autonomes. Elles renouent avec leur corps et leurs sensations.
Leur règles semblent raccourcir et être moins abondantes, et les douleurs moins intenses.
En résumé
Pour résumer ce loooooooong article, je dirais que savoir pratiquer le flux instinctif libre est à la portée de toutes, à condition d’avoir envie de se faire confiance, de s’écouter, de s’autoriser le temps de l’apprentissage et de ne pas exiger de soi une maîtrise parfaite de la méthode.
Le flux instinctif est selon moi avant tout un outil de reconnection à soi et à ses sensations, et un pas vers une meilleure acceptation de notre nature féminine et cyclique. (Tout comme la symptothermie dont je te parlais dans cet article.)
Sans forcément essayer de libérer ton sang aux toilettes dès tes prochaines règles, tu peux déjà essayer de ressentir et noter ce qui se passe dans ton bas-ventre, tu verras on se prend vite au jeu et c’est passionnant 😉
Commente cet article pour partager avec moi ton rapport à tes règles et ce que tu penses de cette pratique !
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