Si les contraceptions hormonales affichent les taux d’efficacité parmi les plus élevés, elles provoquent souvent des effets indésirables que les femmes souhaitent de plus en plus éviter. Pourtant, la pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé en France de nos jours. Je te propose un tour d’horizon des méthodes de contraception sans hormones qui existent, leur fonctionnement et leur efficacité, pour t’aider dans ton choix.
Comment fonctionnent les contraceptions sans hormones ?
Les contraceptions sans hormones empêchent la fécondation ou la nidation (implantation de l’ovule fécondé dans l’utérus) sans agir sur le système hormonal. Elles n’affectent donc pas le cycle ni les ovulations, contrairement aux contraceptions qui contiennent des hormones.
Quelles sont les contraceptions non hormonales qui existent ?
La méthode de contraception définitive : la ligature des trompes
La ligature des trompes (aussi appelée salpingectomie) est une opération chirurgicale qui consiste à bloquer le passage de l’ovule libéré par l’ovaire au niveau des trompes de Fallope.
Elle se pratique en ambulatoire, sous anesthésie générale, généralement par coelioscopie : le chirurgien crée seulement 2 incisions de quelques millimètres dans le bas ventre.
Il y a plusieurs façons de ligaturer les trompes :
- des clips qui pincent les trompes,
- la coagulation qui bouche les trompes,
- l’ablation partielle ou l’ablation complète des trompes.
Quelle que soit l’option choisie, cette opération est irréversible.
Elle est fiable à plus de 99%.
C’est une méthode autorisée par la loi depuis 2001 mais en pratique, peu de médecins lui sont favorables. Après le premier entretien, la femme souhaitant se faire ligaturer les trompes doit respecter une délai de réflexion de 4 mois.
Les méthodes de contraception “barrière”
Les contraceptions dites “barrière” créent un obstacle entre les spermatozoïdes et l’entrée de l’utérus afin d’empêcher une fécondation. On en compte plusieurs et elles ont l’avantage d’être réversibles et ponctuelles (on ne les utilise qu’au moment du rapport).
La plus connue de toutes : le préservatif masculin
Le préservatif est une gaine en gaine en latex ou en polyisoprène qui se place sur le pénis en érection avant toute pénétration. Il empêche le sperme de se libérer dans le vagin et donc d’entrer dans l’utérus et féconder l’ovule.
C’est une méthode fiable à plus de 97% en théorie, mais plus faible en pratique (87%). En effet, les bonnes pratiques en termes d’utilisation du préservatif sont peu connues et peu médiatisées. Le préservatif est un dispositif fragile mais très efficace lorsqu’il est bien utilisé.
C’est une protection qui évite également la transmission des Infections Sexuellement Transmissibles.
Elle est à usage unique et peut être remboursée sous certaines conditions.
Le préservatif féminin
C’est une gaine en nitrile ou en polyuréthane. Son fonctionnement est le même que le préservatif masculin sauf qu’il s’insère dans le vagin jusqu’à 8 heures avant le rapport sexuel.
Il a une efficacité théorique de 95% mais en pratique elle descend à 79%.
Il est également à usage unique et n’est pas remboursé. Son coût est relativement élevé (3 à 5€ pièce) et il peut être difficile à trouver dans le commerce.
Le diaphragme
Le diaphragme contraceptif est un disque en silicone qui se place au fond du vagin entre 2 heures et quelques minutes avant la pénétration. Il s’utilise avec un gel contraceptif qui permet d’augmenter son efficacité. Le diaphragme bloque l’entrée de l’utérus, et si des spermatozoïdes réussissent malgré tout à se faufiler (s’il est mal placé par exemple), le gel contraceptif les désactive.
Il faut le garder en place entre 6 et 12h dans le vagin après le rapport.
Son taux d’efficacité théorique est de 94% et en pratique de 88%. Il peut nécessiter un peu d’entraînement pour être bien positionné. Il vaut mieux faire vérifier par un professionnel de santé pour être sûre de bien le placer.
C’est un dispositif disponible uniquement sur prescription médicale. Il est remboursé à hauteur de 3€ et quelques par la Sécurité Sociale, et ta mutuelle peut participer (à vérifier selon les conditions de ton contrat).
Il est réutilisable pendant 2 ans.
La cape cervicale
Elle fonctionne comme le diaphragme : c’est un disque qui se place sur le col de l’utérus pour en boucher l’entrée. Il est plus petit et par conséquent moins efficace : son positionnement doit être plus précis. Chez les femmes n’ayant jamais eu d’enfant, son taux d’efficacité passe de 91% en théorie à 74% en pratique. Chez les mères il est de 84% en thérorie et de 68% en pratique (le col est plus élargi).
Les méthodes qui empêchent une fécondation de façon “mécanique”
J’appelle ces méthodes des moyens “mécaniques” car elles ne jouent pas sur le cycle comme les méthodes hormonales, mais elles ne créent pas non plus une barrière entre le sperme et l’utérus. Elles diffèrent donc des précédents moyens de contraception cités, mais restent sans hormones.
Le DIU au cuivre (ou stérilet au cuivre)
Le DIU (Dispositif Intra Utérin) est une tige en forme de T entourée d’un fil de cuivre. Il est placé dans le fond de l’utérus par un professionnel de santé (gynécologue ou sage-femme) et y reste pendant plusieurs années (entre 3 et 7 ans selon les marques et types de stérilets).
Le stérilet a une double action mécanique :
- les particules de cuivre qui se diffusent dans l’utérus inactivent les spermatozoïdes et les empêchent donc d’aller féconder l’ovule
- il crée une inflammation dans l’utérus qui le rend hostile à la nidation (c’est à dire que si l’ovule est fécondé, il ne peut pas s’implanter dans l’endomètre pour y poursuivre son développement).
Ses taux d’efficacité théorique et pratique sont très élevés (plus de 99%) mais il présente certains inconvénients. Il peut notamment provoquer des douleurs au moment des règles et des règles plus abondantes.
Contrairement aux idées reçues, il peut être proposé aux femmes n’ayant jamais eu d’enfants.
Les spermicides
Le spermicide est un gel, crème ou ovule qui se place au fond du vagin et tue les spermatozoïdes. Ils seront donc incapables d’accéder à l’utérus et de féconder l’ovule.
Ils sont efficaces à 82% en théorie et 79% en pratique. Mieux vaut les utiliser en complément d’un préservatif, d’un diaphragme ou d’une cape cervicale.
Ils sont disponibles sans prescription médicale et ne sont pas remboursés.
Ils sont déconseillés aux personnes ayant la muqueuse sensible, sujettes aux mycoses ou aux infections urinaires.
Le retrait
Le retrait ou “coït interrompu” consiste à ce que l’homme se retire du vagin avant l’éjaculation. C’est une méthode très utilisée alors qu’elle est très risquée !
En pratique, on observe un taux d’échec de 20 à 30% !
Cela s’explique par le fait que des spermatozoïdes résiduels d’une précédente éjaculation peuvent rester dans les canaux et être transportés dans le liquide séminal. L’homme peut aussi avoir des micro éjaculations réflexes pendant l’acte, dont il n’a ni le contrôle ni même la conscience !
C’est une méthode très peu recommandée.
Les méthodes naturelles de gestion de la fertilité
Il existe plusieurs méthodes de gestion de la fertilité qui permettent de n’utiliser un moyen de contraception barrière que pendant les périodes fertiles de la femme.
Elles nécessitent toutes de bonnes connaissances du corps et du cycle et donc un accompagnement par un professionnel formé.
La plus fiable de toutes : la symptothermie
La symptothermie est une méthode d’observation du cycle qui permet de connaître les phases de fertilité et surtout d’infertilité. Ainsi, le couple choisit un moyen de protection barrière uniquement lorsque c’est nécessaire. En période infertile, le couple peut avoir des rapports non protégés sans risque de grossesse.
La fiabilité de cette méthode en usage théorique et pratique est supérieure à 98% !
Ce taux est dû au fait qu’elle se base sur l’analyse combinée de 2 indicateurs de fertilité : la glaire cervicale et la température corporelle au réveil.
Elle nécessite en général 6 mois de formation pour la pratiquer en toute sécurité. N’hésite pas à prendre contact avec moi si tu veux en savoir plus sur mon programme d’accompagnement.
La méthode Billings ou méthode de la glaire
Comme la symptothermie, la méthode Billings s’appuie sur l’observation et l’analyse de la glaire cervicale. Celle-ci évolue au cours du cycle en fonction de la fertilité de la femme.
Cette méthode est moins fiable que la symptothermie car elle se base sur un seul indicateur. Elle a donc une efficacité de 77% seulement en pratique.
La méthode des températures
De la même manière, la méthode des températures consiste à prendre sa température au réveil tous les jours de son cycle. Après l’ovulation, la température corporelle augmente. Une fois cette augmentation constatée, la femme en conclut que son ovulation est terminée et qu’elle est infertile.
Elle a un taux d’efficacité de seulement 80% en raison de la fragilité de cet indicateur. Dans la vie quotidienne, la température peut augmenter pour de nombreuses raisons. L’interprétation de ce seul indicateur est donc difficile.
La méthode du calendrier (Méthode Ogino)
La méthode Ogino nécessite 12 cycles d’observation. Elle définit une plage de fertilité moyenne sur les 12 derniers cycles en calculant une date d’ovulation potentielle à partir de la date des règles.
Les applications de suivi de cycle utilisent cette méthode. Elle n’est pas du tout adaptée aux femmes qui ont des cycles irréguliers.
Elle est très peu fiable (75% en usage pratique) car les cycles peuvent être perturbés et l’ovulation n’a pas toujours lieu au même moment.
La méthode des jours fixes et la méthode des deux jours
Ces méthodes sont des dérivés des méthodes du calendrier et de la glaire. Elles ont été créées pour faciliter la planification familiale aux populations des pays émergents où l’accès aux contraceptions n’est pas facile.
Leur taux d’efficacité est de 86 à 88% en pratique.
La méthode de l’allaitement exclusif
Lorsqu’une femme allaite, elle sécrète une hormone, la prolactine. Cette hormone bloque les ovulations pour l’empêcher de retomber enceinte alors que son bébé n’est pas encore sevré. Cette méthode ne fonctionne que pendant les 6 premiers mois du nourrisson à condition que l’allaitement soit exclusif et que les têtées se fassent à la demande.
Elle est efficace à 98% !
Quelle méthode de contraception choisir si on ne veut pas d’hormones ?
Tu l’auras compris : il y a de nombreuses options possibles. Aucune n’est parfaite, mais la meilleure contraception c’est toujours celle que tu choisis, en conscience et en étant informée ! Alors n’hésite pas à poser tes questions en commentaire !
Pour en savoir plus, consulte le tableau récapitulatif des méthodes de contraception du site Question Sexualité.